Le temps a passé ….
Je ne sais plus trop si c’étaient les cerisiers ou les
pêchers qui étaient devenus blancs
Comme une averse de neige tombée du ciel masquant l’écorce et lissant le temps
Un beau matin en ouvrant la fenêtre j’ai cru voir une avalanche
de fleurs envelopper mes rêves
Pendant un instant j’ai cru que tu étais revenu
L’échelle était posée sur un des troncs, le panier à terre
Tout était là comme la veille
Je te cherchais du regard ; on devait faire des frites
avec une vraie friteuse à l’ancienne trouvée dans le grenier
Tu te souviens ?
Les pommes de terre étaient déjà dans la passoire en attente
Ça nous avait fait rire ces vieux ustensiles
On voulait jouer au siècle d’avant
On voulait devenir paysans, nous gosses de la ville déjà
blasés par les néons
Je crois que tu jouais à cache-cache avec mes souvenirs à ce
moment là
Je ne sais plus trop si notre cavalcade avait eu lieu au
printemps ou plus tard dans la bonne odeur de l’été
Peut-être le sais-tu, toi qui avais pris ma main
Oui, je l’avoue, pendant quelques instants, le temps s’est
arrêté et tout le blanc des fleurs m’a bercée, lentement, tendrement
J’ai senti ta présence
C’était doux, doux comme une prière
Il y avait sur les rideaux de velours une touche de rose,
une touche de pêche, et dans mes narines le goût du parfum fugace de l’amour disparu
qui laisse des traces douces
J’ai fermé la fenêtre
Le temps a passé ….
Maintenant, le verre des vitres est parsemé de tâches qui ne
partent plus
Une buée constante, un nuage sans fin
J’ai vécu dans le brouillard, sans toi
En hiver je priais et je comptais les jours
Je marchais longuement, m’assoupissant parfois en m’appuyant
sur les troncs nus et glacés, espérant les moments où notre vie refleurirait dans
un paradis que j’imaginais proche
Les lanières des sacoches pleines de miettes et de cailloux me
blessaient les épaules mais je ne disais rien car il m’importait d’aller au
bout, oui, au bout du chemin avec toi, sans toi, pour toi en semant les mots d’Amour
que tu m’avais confiée
Oh je l’ai tant rêvé ce matin de nos retrouvailles
Ta mort ne serait-elle advenue que pour que je marche, seule
et forte, avec en tête et pour seul bagage la puissance de l’Eternité ?
Ta mort ne serait-elle advenue que pour que je sème sur le
chemin l’amour du divin, du beau et de la joie, écartant pour les autres tous
ces pans de brouillard ?
Oh pourquoi ? Pourquoi ?
C’est la sempiternelle question à laquelle je ne veux plus
répondre
Je t’ai aimé ; un point c’est tout et c’est déjà
beaucoup
Je crois que je sais désormais ce qu’est l’amour : tout
et rien du tout !
Immense
Magnifique
Puissant
Constant
Ou peut-être simplement un lit de pétales que le vent a fait
naître ce matin encore dans le pré
Une éphémère émotion qui remplit la raison et fait perdre la
tête, calmement
Ecoute-moi, écoute-moi
encore une petite fois s’il te plait
Le chêne centenaire murmure toujours nos secrets quand le vent caresse le
feuillage
Il existe des anaphores que l’on emploie comme une méthode
Coué
Je ne veux pas m’en servir
Je veux tout simplement dire et écrire que tu me manques
encore, toujours, toujours et que je lance désormais tout l’amour que je te
destinais, à la nature, aux autres, à toutes celles et ceux qui avancent ici, sur
le chemin de la vie …
Annick SB mai 2018
Consigne : liste 1 Treize à la douzaine
Que d'émotions dans ton hymne à l'amour, à ton amour. En le rappelant à tes souvenirs, en prenant à témoin les arbres , les fleurs, les moments tendres passés, tu le sublimes, l'amour comme un joyau éternel posé à l'ombre des cœurs, qui avaient tant vibré et unis pendant beaucoup de printemps. Merci Annick pour cette belle prose qui donne du baume aux cœurs.
RépondreSupprimerBises à toi
Merci beaucoup pour tous tes compliments !
Supprimer"On voulait devenir paysans, nous gosses de la ville déjà blasés par les néons"
RépondreSupprimerEt dire que je voulais devenir citadine, moi gosse des champs déjà blasée par la campagne...
Hihihi ! Beaucoup de personnes ayant passer leur enfance à la campagne m'ont dit la même chose !
SupprimerJe repense aussi à la chanson de Jean Ferrat : https://youtu.be/_mDBQ8DIwy4 ...
Un texte en écho à ce que je crois. L'amour s'en va mais il est toujours là avec soi. Et quand on a de la peine, quand le "jamais plus" se fait trop lourd, ouvrir son cœur, ses mains, et donner, donner encore... de l'amour.
RépondreSupprimerMerci, Annick. C'est un très beau texte.
Un bien joli texte à propos de l'amour.
RépondreSupprimerJ'ai souri lorsque j'ai lu ton commentaire car je me suis dit que bientôt en effet on va refaire la crèche vu le temps qu'il fait.
Bonne soirée
Un bien joli texte sur l'amour.
RépondreSupprimerJ'ai souri lorsque j'ai lu ton commentaire car au sujet du temps, je me suis fait la même réflexion.
Bonne soirée
dans ce cas Amour rime bien avec Toujours
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