"Mystère et fruits confits"
Le feuilleton d'Annick SB
2021
1
Madame Escoutelle
Madame Escoutelle attendait patiemment dans son cabinet.
La pièce était très simplement décorée : un bureau, deux fauteuils, une bibliothèque, le tout en bois de chêne ; un guéridon en fer forgé et osier avec une plante verte et une sculpture d’argile.
Près de la fenêtre, une table basse en mélaminé avec trois chaises d’enfants.
Sur le bureau un tas de feuilles blanches, quelques chemises colorées, un bloc sténo, des pots à crayons.
Dans un pot quelques Bics, un quatre-couleurs, un surligneur ; dans un autre des crayons de papier, gommes, taille-crayons et dans un troisième une belle quantité de feutres.
Son téléphone portable était à portée de main. Elle le regardait se demandant si elle avait fait une bonne chose en s’installant dans cette bourgade. Aurait-elle la patience, l’énergie et la persévérance nécessaires pour mener à bien ce projet ? Elle ne se posa pas longtemps ces questions embarrassantes, car la sonnerie retentit.
Madame Mercourt était derrière la porte. Elle tenait à venir saluer en personne madame Escoutelle qui commençait ses consultations le matin même.
Elle avait établi un semblant de protocole dans sa tête :
- La féliciter
- Ne poser aucune question
- Ne pas s’assoir
- Ne pas s’imposer
- Rester neutre
- Se dépêcher.
Madame Mercourt, maire de cette petite commune depuis trois mandats s’était félicitée d’offrir un espace de qualité à cette jeune psychothérapeute.
En milieu rural, ce n’était pas aisé de s’installer, elle le savait bien ; ce coup de pouce semblait être apprécié si elle croyait les rumeurs qui circulaient sur le marché.
Et aujourd’hui, c’était le grand jour.
Madame Escoutelle ouvrit la porte, souriant à madame la maire.
- Entrez, lui dit-elle.
- Bonjour, répondit madame Mercourt qui avança lentement tournant la tête pour faire une inspection discrète des lieux.
- Le service technique passera vous accrocher les rideaux la semaine prochaine.
- Merci !
Subitement, madame Mercourt osa une question :
- Avez-vous déjà une idée de qui va venir au premier rendez-vous ?
Madame Escoutelle, prise entre le secret professionnel et la reconnaissance répondit à voix basse :
- Rosy, c’est Rosy que j’attends.
Madame Mercourt dévisagea la jeune psychologue et, avec un sourire étrange, lui lança un
« Bonne chance ! » avant de disparaitre en refermant la porte.
2
Rosy
Quand Rosy
entra dans la pièce, Madame Escoutelle fut impressionnée par son accoutrement
mais elle ne laissa rien paraître ; le respect n’était-il pas une des qualités
premières dans son travail ?
Elle n’arriva pas non plus à lui donner précisément un âge, pas même une tranche d’âge. Pour cela il aurait fallu la dévisager davantage mais, impossible ; le visage de Rosy était caché derrière une étrange coiffe. Une autre chose était surprenante, le col de son pardessus relevé jusqu’au menton et ses mains gantées comme si elle voulait se cacher.
Elle l’invita à s’assoir, prit une feuille blanche, écrivit en rouge en haut de la page « numéro 1 » et tenta une question. Mais aucun son ne sortit de sa bouche car quand elle regarda Rosy pour la questionner, celle-ci était restée debout et lui tournait le dos.
Elle attendit quelques instants, une ou deux minutes, pas plus, qui lui semblèrent une éternité et lança :
- Comment allez-vous Rosy ?
Rosy se retourna lentement et répondit calmement :
- C’est plutôt à moi de vous poser la question ! Comment allez-vous Madame Escoutelle ? Le pays vous plaît-il ? Comptez-vous rester ici ou n’êtes-vous que de passage comme la plupart des gens ?
Puis, Rosy décida de s’assoir, enleva son manteau, le posa sur ses genoux, ôta sa coiffe qu’elle mit sur le bureau et fixa la psy de son regard clair.
Sans plus attendre, Madame Escoutelle tenta de remplir la fiche en bafouillant quelques questions tout en scrutant le drôle de chapeau :
- Rosy c’est votre prénom ou votre nom de famille ; je ne voudrais pas faire d’imper ?
- Quelle est votre date de naissance ?
- Avez-vous une profession ?
- Votre adresse c’est bien « Chemin de la garrigue » ?
Mais déjà Rosy n’écoutait plus ; elle s’était relevée, avait posé le manteau sur le rebord de la chaise et faisait les cent pas dans la pièce en tortillant ses mains. On aurait dit qu’elle tremblait. Quand enfin elle se rassit, elle demanda à Madame Escoutelle de lui faire un café.
« Ça alors, quel culot ! » pensa-t-elle. « Elle me prend pour sa copine ou quoi ! »
- Je suis désolée, mais je n’ai pas de cafetière ici.
- J’espère que vous en demanderez une pour mes prochaines séances ! Le café c’est quand même la base, non, pour entrer en conversation !
- Je vais y réfléchir … Mais il ne s’agira pas vraiment de conversation si vous revenez, vous le savez bien Rosy…
Les cours de psycho refaisaient surface dans sa tête, et, sans s’avouer vaincue, elle espéra que les séances des autres patients soient moins compliquées à débuter.
- C’est tout réfléchi répliqua Rosy : Vous - de - vez - avoir - une - ca - fe - tiè - re - un - point - c’est - tout -, martela-t-elle d’un ton sec.
A ce stade-là de l’entretien, Madame Escoutelle ne savait plus très bien si sa patiente se fichait d’elle ou pas ; mais elle joua le jeu de son interlocutrice et promit la cafetière dès que possible.
Rosy enleva alors son gilet à franges. A vue d’œil il restait encore plusieurs épaisseurs, mais Madame Escoutelle sentit qu’elle commençait à se mettre à l’aise et ça la rassura car sa patiente ne tremblait plus et semblait détendue :
- Je vais répondre à vos questions ; je m’appelle Rosy Claire, je suis née il y a très longtemps dans ce patelin et je vous parlerai de ma profession quand j’aurai retrouvé toute ma tête car oui ma petite dame, si je suis ici, avec vous, devant vous, c’est bien parce que j’ai perdu la tête, enfin, je crois…
Elle attendait quelques secondes les yeux fermés et rajouta à voix basse :
- J’ai besoin de vous madame Escoutelle, vraiment besoin de vous…
Madame Escoutelle la regarda droit dans les yeux et d’une voix douce lui dit :
- Je suis là Rosy, oui, je suis là,
n’ayez crainte, je vais vous aider…
3
Monsieur Soleau
Rosy rentra lentement chez elle satisfaite de cette première entrevue ; elle languissait déjà la semaine suivante pour retrouver madame Escoutelle qui l’avait touchée. Elle semblait avoir tant de choses à confier…
Madame Mercourt s’engouffra dans la mairie en se demandant ce que Rosy avait pu raconter à la psychologue…
Madame Escoutelle, elle, n’eut pas le temps de réfléchir à cette première patiente car le deuxième était déjà sur le pas de la porte.
C’était un homme d’une cinquantaine d’années, de taille moyenne, vêtu de manière assez classique. Il entra dans la pièce sans crainte, s’assit immédiatement et se présenta :
- Je suis monsieur Soleau. J’ai appris récemment que vous vous installiez dans notre commune où j’habite depuis toujours ; j’ai tout de suite souhaité un rendez-vous car j’ai un grand problème, somme toute très banal certes, mais qui m’empêche de m’épanouir véritablement ; voilà, je suis toujours célibataire et… je trouve le temps long, vraiment long. Je n’aurais jamais pensé un jour avoir besoin d’un psy pour tenter de remédier à cet ennui, mais force est de constater que… Enfin, c’est ainsi, me voici !
Il sourit.
Madame Escoutelle lui rendit son sourire, se dit qu’il était très charmant, nota nom, prénom, adresse, numéro de téléphone sur une fiche et lui adressa une première question ouverte :
- Pourquoi tant d’impatience ?
Il la dévisagea, littéralement surpris par la question ; l’avait-elle bien regardé ? Faisait-il si jeune que ça ? Ou alors se moquait-elle de lui ? Il eut envie de se lever et de claquer la porte devant un tel toupet, mais, comme il était de nature calme, il attendit quelques instants en respirant assez fort et se mit à parler sans s’arrêter, d’une voix triste, très triste, comme s’il récitait une complainte :
- Vous avez bien noté mon âge ?
Trouvez-vous normal de ne pas être marié à cinquante-trois ans ?
Moi non !
Tous mes amis sont en couple.
Mes frères et sœurs sont mariés.
Mes collègues sont mariés.
Le boucher est marié.
Le boulanger a une épouse.
Le garagiste attend son sixième enfant.
Je suis le seul à ne pas avoir trouvé chaussure à mon pied !
Je désespère vraiment ; ça m’est de plus en plus insupportable et j’aimerais que vous me donniez quelques conseils pour qu’un jour enfin je rencontre l’âme sœur.
Pourquoi moi ? Hein ? C’est ce que je me demande chaque matin quand je me regarde dans la glace.
Je ne suis ni moche, ni parfait, mais normal, oui, normal, NORMAL vous entendez, et un homme normal doit pouvoir, normalement, trouver une femme normale.
Ça ne vous parait pas normal comme intention ?
Vous osez parler d’impatience !
Je rêve !
Vous me prenez pour un adolescent ?
Je suis un homme, un homme, vous comprenez ?
La psychologue osa une question pour désamorcer la litanie qui semblait s’envenimer, laquelle, de toute évidence, faisait souffrir davantage le patient.
- Avez-vous déjà vécu un chagrin d’amour, monsieur Soleau ?
- Non ! répondit-il spontanément.
Mais en prononçant ce « non » précipité, il prit soudain sa tête entre ses mains et se mit à pleurer, à sangloter même, comme un gosse.
Madame Escoutelle regretta sa question ; quelle idiote elle faisait ! « Grand manque de professionnalisme », pensa-t-elle ! Elle en avait encore tant à apprendre sur ce métier qu’elle avait choisi et étudié… Le temps ferait l’affaire, elle avait confiance en elle.
Ce patient souffrait, elle s’en rendait bien compte et l’impatience n’avait rien à voir avec ça ! Elle lui tendit une boîte de mouchoirs en papier, attendit qu’il sèche ses larmes, prit son carnet de rendez-vous et l’invita à choisir une date pour se confier encore s’il le souhaitait lors de séances à venir.
Le rendez-vous fixé, Monsieur Soleau se leva en disant :
- Oui, j’ai eu un énorme chagrin d’amour
mais j’ai toujours eu du mal à en parler, et même à me l’avouer ; je vais vous laisser
pour aujourd’hui, oui. Bonne fin de journée à vous.
Elle attrapa le chèque qu’il lui tendait, le rangea dans le tiroir du bas et lui promit de l’aider dans sa démarche. Elle se souvint que Rosy, elle, n’avait pas payé la consultation ; comment allait-elle aborder ce point avec ? Elle allait y songer…
Dès qu’il
fut sur le trottoir, elle fit entrer madame Renoir sans même prendre le temps
de se rafraîchir.
4
Le bouquet
Chaque mardi matin, un marché se tenait sur la place centrale. Rosy aimait beaucoup y aller. Elle appréciait les produits frais bien sûr, mais également l’ambiance chaleureuse du lieu. Elle regardait les habitants, même si, elle, ne parlait à personne. Elle tentait de saisir des bribes de conversation, quelques perles de potins, quelques nouvelles de lointains… C’était son bol de convivialité silencieuse hebdomadaire, un vrai régal ! Elle ne faisait rien de particulier de ses informations qu’elle s’empressait d’oublier sitôt rentrée chez elle. Rosy n’était pas commère.
D’ailleurs, les gens la croisaient sans lui prêter beaucoup d’attention ; elle faisait partie du lieu et ils ne cherchaient plus à la comprendre ; tout le monde aurait pu dire quelque chose sur elle, mais personne ne pipait mot, sauf peut-être deux ou trois qui osaient encore lancer : « C’est un monument quand même cette Rosy ! » ; certains parlaient même de « notre Rosy » ou « l’étrange Rosy » voilà tout.
Rosy aimait qu’on lui fiche la paix, donc ça lui allait très bien comme cela.
…
La veille du marché, elle préparait toujours une liste de courses ; elle l’écrivait au porte-plume sur les feuilles d’un carnet ; elle aimait particulièrement détacher lentement les feuilles, grâce aux pointillés prévus à cet effet, en fermant les yeux et en écoutant le bruit du papier qui s’arrachait du bloc. Elle n’arrivait pas à comprendre ce qui l’excitait dans ce bruit mais c’était un rituel auquel elle tenait ; elle l’appelait « le détachement ». Elle avait comme cela de nombreux rituels qui la calmaient.
Si par mégarde la feuille émettait une résistance ou se déchirait sans régularité, Rosy se sentait triste et parfois même, elle pleurait.
Avant d’ôter la feuille, elle soufflait sur ce qu’elle avait écrit et humait le flacon d’encre avant de le reboucher soigneusement. C’était en effet une encre très chère ; elle ne voulait pas qu’elle s’évapore même si elle trouvait son parfum délicieux. Elle avait acheté quelques flacons aux noms exotiques, de différentes couleurs, à Paris lors d’un séjour dans la capitale il y a très longtemps, et elle les rangeait dans un petit secrétaire en bois massif. Elle s’en servait pour la liste des courses, et pour quelques autres activités secrètes. Selon les saisons et son humeur, elle variait les couleurs. Le nom de ces encres invitait au voyage…
- Bleu Calanques,
- Émeraude de Chivor,
- Kyanite du Népal,
- Corail des tropiques,
- Améthyste de l’Oural,
- Caroube de Chypre,
« Il en faut peu pour être heureux… », pensait-elle en contemplant ces beaux flacons luxueux.
…
Dès qu’elle fut arrivée sur la place du marché, Rosy fit la queue chez la fleuriste. C’était une jeune femme charmante qui composait de jolis bouquets à un prix abordable. Elle vendait également des roses à l’unité, des plantes et quelques compositions de fleurs séchées. Comme à l’accoutumée, Rosy montra d’un geste de sa main gantée, ce qu’elle avait choisi ce jour.
La fleuriste, madame Pistil, fut étonnée ; elle ne pensait pas que Rosy apprécie un si gros bouquet chamarré, elle qui d’habitude se contentait de fleurs séchées ou de roses uniques, mais elle ne fit aucune remarque, encaissa, et lança en souriant :
- Bon mardi Rosy, et à la semaine prochaine !
Rosy, contre toute attente, ne partit pas immédiatement, fixa la fleuriste et lui demanda à voix basse :
- Vous croyez que ça va être possible ?
- Quoi Rosy, je ne comprends pas ?
- Vous croyez que ça va être possible de le lui offrir ?
- Oui Rosy, on peut toujours offrir des fleurs, répondit à la va-vite la fleuriste qui avait envie de servir d’autres clients.
- D’accord. Merci, merci.
Et Rosy poursuivit son tour de marché, puis, une heure plus tard, se dirigea vers le chemin de la Garrigue en ayant du baume au cœur avec son bouquet à la main.
…
Une semaine s’était déroulée depuis le premier rendez-vous chez madame Escoutelle et Rosy avait hâte de la retrouver. Elle se posait de nombreuses questions et se demandait surtout si la psychologue apprécierait le bouquet. Ce n’était sûrement pas l’usage d’offrir des fleurs à une thérapeute, mais les usages et elle, ne faisaient plus bon ménage depuis longtemps !
Cette nouvelle venue l’accepterait-elle sans sourciller ?
Serait-elle compréhensive ?
La jugerait-elle ?
C’était ce
qui la taraudait depuis quelques jours. Elle allait en avoir le cœur net dans
quelques heures. Si la réaction de la psychologue face aux fleurs lui
convenait, elle espérait bien pouvoir se confier enfin sur … les initiales, les
fameuses initiales qui l’obsédaient depuis tant d’années…
5
L'insistance
Cela faisait maintenant deux mois que madame Escoutelle
s’était installée dans la commune.
Les rendez-vous s’enchaînaient à un rythme lent mais elle
était contente ; c’était un bon démarrage. Elle avait une clientèle certes
peu nombreuse, mais toutefois variée et fidèle ; elle se sentait
chanceuse.
Les gens l’avaient correctement accueillie ; ils lui
paraissaient sympathiques bien que certains fussent quelque fois un peu « lourds »
comme elle se plaisait à le dire à une amie par téléphone !
…
On ne sait jamais très bien qui pose les questions finalement
dans une thérapie !
Le psy écoute et lance une missive interrogative pour faire
surgir l’innommable ; parfois c’est un simple « hum ?» qui se
veut discret mais qui est très intrusif.
Le patient, patiente et tente de se débattre dans un méli-mélo
d’impressions qui jaillissent ou pas, soudainement, à la surface de ses pensées
embrumées.
Parlera-t-il ou restera-t-il muet ?
A suivre …
Les questions s’enchaînent ou s’égrènent…
Certaines n’apparaissent qu’une fois, au détour d’un sourire,
d’un regard appuyé.
L’insistance les balance comme une bouée.
D’autres en revanche font une ronde incessante et lancinante
dans les pensées et peinent à immerger.
La question qui mettait madame Escoutelle très mal à l’aise,
car ce n’était pas elle qui la posait, était la suivante :
Pourquoi
avoir choisi cet endroit ?
Les commerçants et voisins du village lui avaient tous posé
cette question et c’était souvent à la fin de la séance que les patients osaient
l’interroger à leur tour. Ils devaient en effet être surpris de l’ouverture de
son cabinet en milieu rural, mais elle sentait surtout quelque chose de plus
profond qui se cachait dans ces demandes ; cela ressemblait, non pas à de
la curiosité, mais à une ébauche d’interrogatoire ce qui la mettait très mal à
l’aise. La sincérité et la banalité de sa réponse auraient sûrement cassé le
mythe de son arrivée, qui semblait chaque jour grossir davantage chez les
habitants.
Et au fond d’elle, elle n’avait pas envie de les décevoir et
écoutait les suppositions en souriant. Répondre, aurait levé le mystère et elle
aimait plus que tout le mystère.
Devant l’insistance de ses patients, elle tenta de s’inventer une
raison à sa venue ; elle eut conscience que c’était peut-être de la
tricherie ; elle n’en fut pas fière mais que pouvait-elle dire ? Ce
mensonge ne serait-il pas le seul moyen de faire taire les gens ?
Elle voulut écrire un petit résumé factice de sa vie passée, pour
bien se mettre les idées en place, histoire de lui faire prendre une forme bien
évidente, concrète et vérifiable par tous, mais, déjà on toquait à la porte.
Elle rangea son carnet dans le tiroir du milieu et ouvrit à
Rosy.
…
A chaque rendez-vous, Rosy lui offrait un cadeau. Elle avait
reçu un énorme bouquet de fleurs, un grand vase ciselé, deux tasses à café avec
soucoupe, des chocolats, un bon kilo de pommes rouges et même, tenez-vous bien,
une pince à sucre en argent.
Aujourd’hui Rosy lui tendit une simple enveloppe.
Madame Escoutelle remercia et la posa sur le bureau pensant
l’ouvrir ultérieurement. Mais Rosy insista :
« Vous ne l’ouvrez pas ? »
La psychologue demanda si c’était urgent de décacheter l’enveloppe ;
elle pensait que Rosy avait glissé un chèque à l’intérieur.
Rosy répondit alors une chose étrange :
« Le passé vous rattrapera vous aussi, madame
Escoutelle ; alors par pitié, n’égarez pas cette enveloppe même si vous ne
voulez pas l’ouvrir devant moi. »
…
L’enveloppe resta donc sur le bureau et la séance
commença ; Rosy raconta une de ses passions ; elle en avait beaucoup
et Rosy peinait à saisir si elles étaient véridiques ou simplement
imaginées. Elle nommait celle d’aujourd’hui « l’envol ».
Madame Escoutelle eut envie de fermer les yeux et de se
laisser bercer par l’histoire invraisemblable de Rosy qui lui parlait de
papillons, de colombes et d’abeilles, mais ça ne se faisait pas de se tenir
ainsi avec les patients alors elle écouta, les yeux fixés sur les mains que
Rosy agitait en parlant ; elle ne réussit pas totalement à se concentrer
sur les dires de sa patiente car sa curiosité était titillée devant l’enveloppe
fermée ; elle se rendit compte qu’elle n’osait pas non plus demander des
précisions sur cette histoire d’initiales que Rosy avait évoqué lors d’une
séance précédente. Il fallait de toute urgence qu’elle téléphone à son
professeur de psychologie favori pour lui demander quelques suggestions et
conseils pour sa pratique car avec Rosy elle sentait qu’elle n’avait pas
fini d’être bizarrement interpellée.
6
Ponctuation…
Madame Escoutelle était trop
fatiguée pour téléphoner à sa professeur madame Consèye ; elle ouvrit
donc le tiroir, prit l’enveloppe et la décacheta. Elle y trouva une feuille
blanche pliée en deux qui contenait dix petits morceaux de papier rectangulaires
de différentes couleurs. Effectivement, ce n’était toujours pas un chèque !
Sur chaque morceau, un mot était
écrit en majuscules.
Elle posa tous les mots sur son
bureau et réfléchit à ce que pouvait bien vouloir dire tout ça ! Fallait
probablement écrire une phrase !
Les mots étaient les
suivants :
LONGTEMPS DE DONNE FAIT QU’ELLE NE NOUVELLES CELA VOUS PLUS
Elle reconstitua sans peine « la » phrase,
comme on pouvait le faire au cours préparatoire ; ça la
fit sourire !
*CELA FAIT
LONGTEMPS QU’ELLE NE
VOUS DONNE PLUS
DE NOUVELLES *
Elle essaya de prononcer cette
phrase avec l’intonation d’un point, d’un point d’interrogation, d’un point
d’exclamation. Puis elle la répéta en chuchotant, en criant, en bégayant et se
mit à éclater de rire, considérant qu’elle était en train de péter un petit
boulon grâce ou à cause de Rosy !
Une vraie scène théâtrale ! Sacrée
Rosy quand même !
Rosy l’intriguait depuis leur
première rencontre c’était certain : était-elle totalement perdue,
simplement joueuse ou y avait-il autre chose qui se passait dans son
étrangeté et qui la fascinait ?
Elle remit les morceaux dans
l’enveloppe, celle-ci dans le tiroir du milieu, ferma le cabinet, sortit,
marcha en direction de son logement situé au-dessus de la poste. Arrivée chez
elle, elle repensa à ce que lui avait dit Rosy en lui tendant l’enveloppe ; cette
histoire de passé qui nous rattrape… Elle ne savait plus très bien les paroles
exactes, mais une chose était certaine, Rosy avait vu juste !
Cela faisait effectivement très
longtemps qu’elle ne lui avait pas donné de nouvelles…
Et ça, c’était tout de même un
peu inquiétant…
Comment Rosy pouvait-elle savoir ?
Elle décida de ne pas attendre la
semaine suivante pour parler à Rosy et en avoir le cœur net. Elle enfila ses
basquets pour sa ballade quotidienne ; en
effet, elle aimait beaucoup se promener en fin d’après-midi, pour décompresser,
sur les divers sentiers qui partaient du bourg. Le paysage était si beau par
ici et l’air si pur !
Elle décida bien entendu
d’avancer sur le chemin des garrigues. Elle savait que Rosy y habitait,
mais ne s’était jamais autorisée à passer par là.
Ce n’est pas vraiment la peur de
la rencontrer qu’elle pressentait, mais une espèce de gêne, sensation
désagréable s’il en est ; comme si elle était animée
d’une curiosité malsaine et elle détestait ce qui était malsain. Elle était
quand même bien obligée de s’avouer qu’il y avait beaucoup de curiosité dans sa
démarche. Depuis qu’elle avait ouvert l’enveloppe de Rosy, elle souhaitait une
conversation en tête à tête qui se déroulerait ailleurs que dans son cabinet.
Elle sentait que le poids de la profession, de l’engagement qui était le sien
auprès de ses patients ne la rendait pas totalement libre et plus que tout,
elle aimait la liberté.
Elle s’engagea donc sur le
chemin.
Rosy habitait à trois kilomètres
environ du bourg. On apercevait sa maison qui était surélevée en flanc de
colline. C’était une vieille bâtisse, grande, sobre et lumineuse, vu le nombre
de fenêtres que la façade présentait. Le jardin aussi était immense, un très
bel endroit. Sur le côté gauche de la bâtisse, il y avait un étendage sur
lequel pendouillaient de nombreuses paires de gants. De part et d’autre de l’allée,
des rosiers faisaient révérence pour accueillir. Que ça doit être beau l’été, pensa Madame Escoutelle. En bout de propriété, un majestueux marronnier avec,
sur la plus grosse branche, une balançoire suspendue.
Quand elle arriva devant la
porte, elle n’eut pas le courage de toquer.
Elle s’assit sur le banc de
pierre posé sous la fenêtre et attendit, écoutant et observant la nature qui
s’éveillait devant elle.
Elle n’eut pas loisir d’attendre
trop longtemps, car Rosy déjà s’avançait. Elle boitait légèrement.
-
Je vous attendais, dit-elle à la psychologue.
Et elle se planta face à madame Escoutelle,
la fixant de son regard clair.
Quelle belle femme, pensa la
psychologue tout en disant :
-
J’ai ouvert l’enveloppe et….
-
Chuuuut, ne parlez pas ; je sais ; entrez
plutôt rétorqua Rosy. Nous allons bavarder à l’intérieur, calmement, gentiment.
N’ayez pas peur…
À ce moment-là, Madame Escoutelle
eut l’étrange sensation que les rôles s’étaient inversés ; son malaise
se transforma pourtant en sécurité dès qu’elle mit un pied dans le long couloir
de la maison. Elle n’avait jamais vu pareil endroit !
Les hauts murs étaient
intégralement recouverts d’étagères en bois massif, avec une quantité incroyable
de petits tiroirs ; les boutons des tiroirs étaient
tous différents, colorés, certains en verre, d’autres en cuivre, d’autres
encore en personnages crochetés et le plus impressionnant, c’est que sur chaque
tiroir, étaient gravés des initiales….
7
Pause café…
Entrez ! Prenez place madame Escoutelle. La
psychologue pénétra dans une grande pièce tout en se demandant si elle ne
faisait pas une sottise.
Rosy l’invita à se mettre à l’aise et lui proposa une tasse de café :
- Esméralda Geisha
- Moka
- Blue Mountain
- Bahia
- Aguadas ?
- Celui que vous préférez Rosy répondit la jeune femme qui ne connaissait guère toutes ces marques !
- Vous verrez, bientôt vous aussi serez incollable en café répondit Rosy en souriant et elle sortit de la pièce pour aller préparer la boisson.
Madame Escoutelle put scruter tranquillement la
grande pièce. La première chose qui la frappa c’était un des quatre murs
totalement recouvert de dessins d’enfants. Ils n’étaient pas punaisés mais
collés, comme du papier peint. Un effet très original.
Une autre chose lui plut énormément : les
rideaux de la porte-fenêtre, entièrement confectionnés en perles de rocaille et
ornés de papillons en papier de soie qui semblait butiner ça et là ; un
véritable bijou !
Décidément cette Rosy avait de l’imagination et surtout un savoir-faire extraordinaire.
- Elle est très belle votre pièce dit-elle quand Rosy revint avec les cafés.
- Merci !
- Cela fait longtemps que vous habitez cette belle maison ?
- …
- Vous ne voulez pas me répondre ?
- …
- Rosy, qu’y a-t -il demanda Madame Escoutelle quand elle vit couler quelques larmes sur les joues de son hôte.
- Dites-moi, c’est grave ou pas ? J’ai le sentiment atroce de perdre la mémoire.
- En avez-vous parlé à votre médecin ?
- Non !
- Pourquoi ?
- Parce que c’est un secret ; et un secret, ça ne se dévoile pas.
- Alors pourquoi me l’avoir dit ?
- Parce que vous, ce n’est pas pareil ; ce n’est pas la même chose. Je peux avoir confiance. Bon, n’en parlons plus ; enfin, plus aujourd’hui et dites-moi plutôt quel est votre prénom !
- Estelle, je m’appelle Estelle Escoutelle ; avouez que la rime n’est pas forcément la bienvenue mais bon, mon prénom ne me déplait pas !
- Parfait, parfait … Le café vous plait-il ?
- Oui, délicieux !
- Vous en voulez une autre tasse ?
- Non merci, une autre fois. Là, je ne vais pas tarder à rentrer.
- Je suis ravie d’entendre que vous reviendrez me rendre visite Estelle. Nous avons tant de choses à nous dire…
Estelle se leva, remercia en souriant et se dirigea vers la porte d’entrée. Rosy l’accompagna et lui retint le bras en disant :
- Il faut que vous piochiez Estelle.
Elle ouvrit alors un des petits tiroirs du grand
couloir d’entrée, celui où l’initiale E était gravée bien sûr, et invita
Estelle à y piocher deux morceaux de papier.
Estelle s’exécuta et prit deux étiquettes en enfonçant sa main dans une multitude de morceaux de papier. Elle les lut à voix haute en interrogeant Rosy du regard.
EMOTION EPHEMERE
- J’espère que ces deux mots vous inspireront ! A bientôt Estelle, passez une bonne soirée.
Estelle rentra chez elle, les deux étiquettes
cachées dans le creux d’une main, rêvant à ce qu’elle allait bien pouvoir en
faire …
8
Un petit poisson
Quand
Monsieur Soleau, le premier patient de ce lundi matin, posa sur le bureau un
poisson en chocolat orné d’un magnifique ruban, Madame Escoutelle pensa deux
choses :
-
Il
s’était mis aux cadeaux comme Rosy !
-
Il
avait oublié que nous n’étions pas le premier avril !
Elle remercia
poliment et d’un regard interrogea cet homme.
-
Ne
soyez pas surprise, lui dit-il ! La tradition du coin, c’est d’offrir un
poisson en chocolat pour l’ouverture de la pêche ; elle a eu lieu ce week
end de mars ! On n’attend pas le 1er avril par ici !
Et c’est
ainsi que monsieur Soleau, qui avait retrouvé le sourire, raconta à sa
psychologue comment une belle dame, venue d’on ne sait où, l’avait apostrophé samedi
en fin d’après-midi au bord de l’étang de pêche en lui disant :
-
Elle
est bientôt terminé cette partie ?
S’en
suivirent des sourires, des questions, une passion naissante…
Monsieur était
aux anges : il avait fait une touche !
Estelle l’écouta attentivement ; elle était heureuse pour lui, et, tout en lui souhaitant une bonne continuation, elle lui donna tout de même rendez-vous la semaine suivante ; doutait-elle des sentiments de son patient ou était-elle influencée par les étiquettes piochées chez Rosy ?
…
Quand elle
était rentrée chez elle, l’autre soir, elle avait en effet joué le jeu et tenté
d’écrire sous forme d’acrostiche :
Etat
Miteux
Obtenu
Timidement
Ignorant
Ostensiblement
Notre
accord
Etrange
Phase
Hystérique
Evidente
Méfiance
Eternelle
Raison
Evaporée
Bof, bof, certes, mais ça avait
eu le mérite de la calmer quelques instants ; ce n’était déjà pas mal !
Elle avait
tenté un autre, plus explicite :
Etant
donné les circonstances,
Moyennant
votre accord tacite
Obtenu
par lettre
Timbrée
à la poste du village voisin
Il
est impératif que je vous demande la raison,
On
ne peut m’en empêcher, de
Notre
interruption d’échange
Et
les conséquences
Pitoyables
Habilement
dissimulées
Et
pourtant parfaitement connues qu’elle a entrainé,
Me
laissant désemparée
Et
triste
Révoltée
Et
soucieuse
Le résultat
était certes moyen, pour ne pas dire totalement bancale, mais le jeu avait
toutefois un peu libéré Estelle de ce fardeau secret qu’elle portait dans son cœur.
Estelle
était allée se coucher ; la nuit avait été agitée.
Rien n’était
simple finalement, que ce soit pour ses patients ou pour elle-même et la seule
personne qui lui semblait au-delà de toutes ces incertitudes, ces doutes et
défaites, c’était Rosy, cette chère et intrigante Rosy.
Elle avait hâte de la retrouver…
…
Elle ouvrit
la porte et laissa entrer Marie Pistil qui venait pour la première fois.
Sitôt la
fiche remplie, en bonne et due forme, madame Escoutelle s’enquit de la raison
de sa venue. Marie Pistil venait de perdre sa grand-mère et avait besoin d’en parler.
La séance fut forte en émotions ; les deuils ne sont jamais simples, on le sait ; la boîte de mouchoirs en papier fut grandement utilisée mais la psychologue fut ravie de voir repartir Madame Pistil avec le sourire. Il est bon d’être utile aux autres, pensa-t-elle en refermant la porte.
C’était l’heure de sa
pause ; elle se fit un café et croqua dans le petit poisson en chocolat délicieux,
savourant ce moment de calme nécessaire ; elle soupira à la vue du carnet
de rendez-vous bien rempli et de la longue journée qui l’attendait…
9
La branche
Comme chaque
matin où la météo le permettait, Rosy s’installa sur la balançoire pour sa
demi-heure de sport. Lentement, elle faisait remonter la planche et les cordes,
projetant ses pieds et genoux vers l’arrière et attendait la sensation de chute
puis l’élan à nouveau vers l’avant ; elle sentait son corps en mouvement
et la tranquillité que lui procurait cette activité lui suffisait pour répéter en
riant à qui voulait bien l’entendre :
« Etre
statique ET en mouvement, le seul secret du bien être ! »
Car, en se
balançant ce matin-là, elle repensa à une interrogation fort commune qu’on lui
posait souvent :
« Quel
est votre secret ? » et elle savait qu’elle n’en n’avait pas de
secret bien entendu !
Alors elle
répondait aux curieux ses petits trucs à elle, les délices de sa vie et lançait :
« Une cerise
sur le gâteau ! »
« La balançoire
aux oiseaux ! »
« Les œufs
enrubannés ! »
« Les
enveloppes décorées ! »
Et les gens
la prenaient pour une cinglée !
Pourquoi des
secrets d’ailleurs ? Pour quoi faire ? Pourquoi ne pas tout mettre en lumière ?
Elle n’avait rien à cacher !
Tout était si clair dans sa tête ! Enfin, presque tout...
Il suffisait de suivre un rythme, le rythme que la
vie nous propose et que beaucoup ne saisissent pas ou tentent d’ignorer. Comme
chaque matin, donc, Rosy se balançait avec l’âge de ses artères et la promesse
d’une journée supplémentaire à activer ses méninges et surtout ses dix doigts
en écoutant le chant de oiseaux dans ce printemps si beau…
Nous étions
en mars ; cette année Pâque tombait début avril ; il lui restait donc
quelques jours pour terminer de coller les rubans sur les coquilles. A raison
de trois œufs par omelette, et une omelette par semaine, je vous laisse compter
le nombre d’œufs percés puis soufflés depuis Pâque dernier pour obtenir des
coquilles vides prêts à être peintes et accrochées dans les bosquets alentours.
Cette année,
elle avait choisi trois couleurs pour orner les œufs de spirales et de
mini-fleurs et tous les rubans étaient verts-pomme, très vifs, satinés et plus
fins que ceux de l’an dernier. Elle avait dans ces ancêtres, une branche de la
région de Transylvanie et elle ne ratait jamais l’occasion de se replonger dans
ces traditions exquises qu’elle préparait toute l’année.
La veille de
Pâque, elle se lèverait très tôt et partirait suspendre les œufs décorés et
vernis aux branchages, en cacherait d’autres sous la fontaine, les escaliers
et sur les murets, espérant enchanter les passants et surtout les enfants du
village quand ils feraient leur promenade pascale.
A chaque
saison sa tradition et à chaque tradition ses merveilles !
Là peut-être
résidait le fameux secret du bonheur.
Ensuite vint
l’heure du café. Elle choisit un Moka qu’elle fit couler dans une tasse de
porcelaine ornée de jonquilles. Elle la dégusta au jardin lézardant et humant
l’air frais délicieux du matin.
Tout allait
très bien sauf peut-être un détail ; il fallait qu’elle en parle à Estelle
et, comme le prochain rendez-vous n’avait pas été fixé, elle décida de prendre sa plume et d’écrire à la jeune femme.
Le 28 mars ,
Très chère Estelle,
Ce matin, un petit détail
a attiré mon attention pendant que je dégustais la première gorgée de mon café,
paupières fermées.
Un tout petit détail
froissé dans ma mémoire et dont je tiens absolument à vous faire part puisqu’il
est réapparu soudainement !
J’ai brodé jadis un arbre
généalogique et, quelques branches sont restées sans nom comme parfois on reste
sans voix.
Je ne peux pas dire que
cela me rend triste de ne pas tout connaitre, de ne pas tout saisir, mais pour
être franche, et j’aime la franchise, il me semble que votre prénom devrait y
figurer.
Dites-moi, avez-vous dans
votre famille une Camille qui aurait fait parlé d’elle autrefois ?
Dites-moi, êtes-vous venue
vous cacher ici pour tenter d’effacer, ou mieux de percer quelques secrets de
famille ?
Dites-moi, ne voulez-vous
pas que nous cherchions ensemble ?
A moins que vous préfériez
le faire toute seule de votre côté, ce que je comprendrais…
Ne vous pressez pas
Estelle, prenez le temps de chercher, d’interroger, de questionner vos proches.
Et si c’est le cas, si Camille est bien de votre lignée, de notre lignée, je
broderai son nom et le votre comme il se doit, car il n' y a rien qui ne puisse pas être pardonné...
Passez une belle journée
Estelle et n’hésitez pas à venir boire un café prochainement.
Rosy
Rosy orna la
lettre d'une jolie branche en bourgeons, plia la feuille de papier, la glissa dans une
enveloppe parme, la cacheta à la cire et sans plus attendre, sortit de chez
elle pour aller la glisser dans la boîte aux lettres de madame Escoutelle.
10
La
coquille
Avant de partir en week end, Estelle ouvrit la boîte aux lettres, qu'elle avait délaissé ces derniers jours, et sur laquelle était posé
un petit œuf joliment décoré ; elle y trouva un prospectus de jardinage et deux enveloppes .
L’une d’elle était cachetée à la cire. Le seau représentait
une colombe. L’autre, timbrée, toute simple, sans adresse au verso, ne payait pas
de mine ; l’adresse était dactylographiée.
Se peut-il que les deux lettres aient été écrites par la même
personne ?
Bien entendu !
Cela ne surprit pas Estelle car elle se doutait de la
provenance de ces plis.
Mais pourquoi en avoir posté une et pas l’autre se
demanda -t-elle toutefois ?
Sacré Rosy !
Et elle éclata de rire, se considérant désormais intégrée dans
le patelin puisqu’elle employait les mêmes expressions que les autres
villageois.
Elle glissa les deux enveloppes et l’œuf dans son sac à mains, laissa le prospectus et monta dans le taxi qu’elle avait commandé afin d’être déposée à la gare la
plus proche pour ce long week-end pascal qu’elle comptait passer en famille.
Elle était contente de prendre quelques jours de repos et pourtant, au fond
d’elle, une légère tristesse l’envahissait. C’était la première fois qu’elle
retournait chez elle après le décès de sa grand-mère et son cœur était lourd.
Pâques sans Mamette, ce n’était pas Pâques ! Elle repensa à madame Pistil également endeuillée.
Quelques kilomètres plus loin, elle demanda au chauffeur s’il
était possible de faire demi-tour. Elle pensait avoir oublié quelque chose
d’important ; puis, elle se ravisa, hésita encore, bredouilla « Euuh …
beuu … » Il ne parut pas surpris ; les clients sont parfois
contrariants, mais voyant sa mine déconfite, il hésita à poursuivre cette
course ou à rebrousser chemin, et osa cette question d’un ton doux, car c’était
un brave homme :
-
Bon, qu’avez-vous décidé ?
La réponse ne se fit pas attendre :
-
Ramenez-moi chez moi s’il vous plait ; au
village oui.
Le chauffeur s’exécuta et fit demi-tour sur la route en allumant
la radio pour ne pas subir le silence devenu soudain pesant.
On entendait les Rita Mitsouko vociférer « Les histoires
d’amour finissent mal, en général ! »
Quelle idiotie pensa le chauffeur pendant qu’Estelle demandait :
-
Vous aimez ce groupe ?
-
Pas trop non.
Ils discutèrent musique jusqu’à la fin de la course, et Estelle
osa dire au chauffeur :
-
Je partirai finalement demain ; si vous pouviez
venir me récupérer à 9 h 30 ce serait chouette !
-
Sans problème ! Alors à
demain mademoiselle ! Bonne journée !
Ce « mademoiselle » lui fit comprendre qu’elle avait
encore beaucoup de choses à apprendre de la vie …
Elle entra chez elle, enleva ses chaussures et se jeta sur le
canapé pour lire la correspondance.
Elle décida d’ouvrir délicatement l’enveloppe à la colombe pour
ne pas l’abimer et lut la lettre en silence, puis, très surprise, elle
recommença une deuxième fois à voix haute et s’exclama :
-
Ça alors ! C’est quoi encore ce truc ?
Mais au moment où elle s’apprêtait à médire sur Rosy et ses
mystères, elle se souvient d’une très lointaine dispute entre ses parents au
sujet d’un album photos et d’une personne de la famille ; oui, elle en
était sûre maintenant, il faudrait qu’elle questionne et elle le ferait demain
sans plus tarder, dès son arrivée.
Elle ouvrit rapidement l’enveloppe blanche ; elle vit
tout de suite que ce n’était pas la même écriture.
Le 31 mars ,
Estelle,
Cela fait si longtemps que je ne t'ai pas donné de nouvelles...
Je ne sais pas vraiment si cela a du sens
de t’écrire aujourd’hui.
Peut-être ne te souviens-tu pas de moi ?
Pendant
longtemps je n’arrivais pas à reprendre mon stylo ; qu’aurais-je pu te
raconter ? La vie ici est sans surprise, sans saveur pour nous,
inquiétante pour les autres ; une vie neutre, fade, bruyante et décevante.
Ta mère m’avait
demandé gentiment de me faire oublier ; je lui ai obéi. Je ne sais pas si
j’ai bien fait. Je crois que je le regrette. Qu’est-ce que l’oubli n’est-ce pas ?
J’ai
appris que tu t’étais installée à ton compte et je suis ravie de savoir que tu
as un beau métier, un métier d’écoute, un métier d’attention. Ta mère est fière de toi.
J’espère
que les confidences et malheurs de tes patients ne te font pas faire trop de
souci.
Ici aussi
j’ai dû voir des psys ; personne n’explique mon geste.
Je ne
veux pas revenir là-dessus ; ta mère t’en aura probablement touché un mot ;
de toutes façons, ce qui est fait est fait ; on ne revient pas sur le
passé.
La seule
chose que l’on puisse faire, c’est de s’en affranchir.
Sache toutefois
que tu as toute mon affection, que je pense à toi chaque jour et que j’aurais
aimé te voir grandir.
Tu étais si petite quand je suis partie...
Ta tante Mimille
En prenant brutalement le paquet de mouchoirs en papier dans
son sac, Estelle fit tomber l’œuf décoré ; il se brisa et elle aperçut un morceau
de papier de soie rouge plié, coincé entre la coquille et le ruban …
11
Le nœud
Cela faisait quelques années que Pablo travaillait comme
jardinier dans la commune. Il aimait passionnément son activité et proposait, en
plus de son temps à la mairie, une dizaine d’heures hebdomadaires à quelques habitants
du village, pour effectuer diverses tâches de jardinage. Rosy faisait appel à
lui chaque année pour entretenir sa propriété et elle en était entièrement
satisfaite. Ils échangeaient peu, mais Rosy aimait le voir préparer et embellir
cet extérieur dans lequel elle passait beaucoup de temps. Un jour, elle le
surprit à l’arrêt, totalement émerveillé devant une broderie qui était restée
sur le banc ; Rosy lui avait alors demandé :
-
Vous pensez à quoi, Pablo ?
Et lui de répondre :
-
Je voudrais avoir votre talent Rosy pour moi aussi
embellir le monde.
-
Nous avons chacun des talents différents, vous le
savez bien Pablo et vous embellissez le monde tout autant que moi car la
broderie est au jardinage ce que le poisson est à la mer : union, passion,
émotion, beauté… Partageons tout cela vous le voulez bien ?
Et, sans attendre la réponse du jeune homme, elle était rentrée
chez elle.
C’est vrai que Pablo appréciait plus que tout les idées originales
voire excentriques de cette dame. D’ailleurs, cette année il avait décidé de
reprendre la fantaisie de l’œuf ; bien entendu il n’en n’avait pas accroché
dans tout le village comme elle le faisait chaque année, non, juste posé deux.
Le premier, sur la boîte aux lettres de Rosy, le deuxième sur
celle de la psychologue ; il avait également glissé un prospectus de jardinage dans les deux boîtes, même si elles stipulaient toutes les deux " STOP PUB"...
Il les avait préparé avec soin, soufflé dans les deux
coquilles jusqu’à chavirer par manque d’oxygène, enveloppé les minuscules
cadeaux dans un papier de soie, inséré délicatement au fond de la coquille
précautionneusement rebouchée et à l’aube, déposé au bon endroit, priant le
ciel que le vent ne les fasse pas tomber.
Dans l’œuf destiné à Rosy, il avait mis une petite écorce sur
laquelle il avait gravé un « Merci ! », pensant lui faire
plaisir.
Pablo était incontestablement amoureux d’Estelle mais, timide
de nature, il ne savait pas comment déclarer sa flamme ! Il s’était bien
rendu compte que l’élue de son cœur rendait visite régulièrement à Rosy ;
il en avait déduit que cette jeune femme aimait très probablement les
fantaisies et les surprises ! Et il avait osé !
Le cœur bouillant il partit travailler espérant qu’Estelle
saisirait la provenance de cet œuf décoré…
…
Estelle attrapa le papier de soie tombé au sol, l’ouvrit
délicatement ; elle était désolée d’avoir cassé cet œuf mais ravie de voir
qu’il contenait un petit présent. Pourtant sa surprise fut grande quand elle le saisit :
dans ses doigts, un tout petit nœud rose avec deux mots brodés !
« Love me »
Etait-ce une déclaration d’amour ?
De la part de Rosy ?
Elle ne comprenait pas très bien …
Un mystère de plus à élucider !
Elle n’en n’était pas à un sac de nœud près !
Elle posa l’ensemble sur la table et reprit les deux lettres qu’elle relut en se demandant comment elle pourrait aborder le sujet de sa tante, en famille, le lendemain sans gâcher la fête de Pâques et en questionnant aussi le rapport entre Rosy et sa généalogie.
Au fur et à mesure qu’elle réfléchissait, elle décida un autre plan : elle ne demanderait rien à personne !
Un point c’est tout !
Elle en soupait déjà assez des histoires de famille lors de ses consultations alors, advienne que pourra avec la sienne !
Elle
irait se reposer chez elle, tranquillement, dans la joie pascale, et ça serait très
bien comme ça !
12
Les vérités
Souvent, des patients posaient cette question à Estelle :
-
Vous trouvez cela important ?
Et elle se demandait toujours si ce qui leur importait le plus c’était
sa réponse ou la question elle-même, comme si la parole d’une psychologue
pouvait résoudre à elle seule leurs multiples et différentes angoisses et
interrogations.
Car c’est vrai, l’importance que l’on donne aux évènements est
souvent relative…
Une chose était certaine en revanche, c’est que le week-end
pascal ne s’était pas si mal déroulé que cela ; Estelle était soulagée et
ce qu’elle trouvait important en rentrant chez elle ce soir-là, c’était la paix
et la joie qui envahissaient son cœur.
Dès qu’elle fut arrivée, elle composa un numéro sur son
portable et entama une conversation joyeuse.
— Allo
, Camille, c’est moi !
— …
— Ah
oui, quelle joie on a eue !
— …
— C’était
drôle non ?
— …
— Oui,
j’étais très émue moi aussi.
— …
— Tu
crois que l'on va pouvoir le faire ?
— …
— D’accord.
Bonne nuit.
Estelle alla se coucha, mesurant dans tout son être, l’immense
satisfaction que procure la découverte de la vérité et elle s’endormit sans
tarder, bercée par la présence de sa tante retrouvée. Elle en parlerait à Rosy
dès qu’elle la reverrait, c'était sûr !
…
Pendant qu’Estelle faisait de beaux rêves, Pablo tentait de
trouver une autre manière de l’approcher et de lui déclarer sa flamme. Être
sibyllin à longueur de temps n’était peut-être pas la meilleure solution et la technique
de l’œuf de pâque n’ayant guère été satisfaisante, il décida d’être plus
explicite, prit une feuille de papier et se lança.
Mademoiselle
Escoutelle,
Je
sens un élan du cœur qui me pousse à vous écrire
Je
ne sais comment vous le dire sans rougir
Je
suis amoureux de vous
C'est la vérité
C’est
simple, c’est doux
Si
vous le souhaitez, donnons-nous rendez-vous
Pablo,
le jardinier de Rosy
Il écrivit son numéro de portable, plia la feuille, la mit
dans une enveloppe et sortit rapidement avant de changer d'avis pour la glisser dans la boite aux lettres de la
psychologue, priant le ciel qu’elle l’appelle un jour ou l’autre.
…
Rosy elle avait décidé de faire une nuit blanche ; cela
lui arrivait de temps en temps, environ une fois par mois.
Elle aimait beaucoup dormir et ne souffrait d’aucune insomnie,
mais trouvait qu’il était sage de vivre de temps à autre une nuit de veille.
Dans ces cas-là, elle s’asseyait sur son fauteuil en cuir à
larges accoudoirs, mettait sa Bible sur ses genoux, ouverte sur un psaume,
relisait le psaume à voix haute une fois ou deux, fermait les yeux et se
laissait guider par l’Esprit pour prier.
Cette nuit-là, elle choisit le psaume 10. En le relisant, elle
vit qu’il était étrange d’actualité et qu’elle avait maintes choses à déclarer
pour chaque verset prononcé.
Ce qui était très excitant, c’est qu’elle savait qu’elle n’était
pas seule à procéder de la sorte. Cette union en esprit et en vérité avec d’autres
fidèles de la terre entière, la réjouissait à chaque fois.
Au petit matin, elle but un café dans une tasse blanche ornée d’un simple fil doré puis partit à la boulangerie s’acheter un croissant frais en remerciant le ciel pour tant de grâce !
13
L’entretien
Il arrive aux enseignants de conseiller quelques consultations
psychologiques pour des élèves tristes, perturbés ou perturbateurs. C’est ce
qu’avait fait madame Laïcardi en s’adressant à Madame Ange le soir où celle-ci
avait déboulé à l’école comme une furie. En effet, elle avait tout de suite dû désamorcer
l’entretien de 17 h en demandant calmement à cette mère de famille :
-
Pourquoi criez-vous de la sorte ?
Après une agitation spectaculaire, madame Ange avait fondu en
larmes ; sa fillette Agathe, âgée de 10 ans, avait effectivement un
comportement étrange depuis quelques mois, mais elle n’avait pas du tout envie
de consulter pour autant et
En se confiant à la maîtresse de sa fille, madame Ange réalisait
que ses angoisses ne disparaitraient pas instantanément. Elle lui confia que
depuis quelques temps, une seule chose intéressait Agathe, la broderie et les
dés à coudre. Elle ne savait pas pourquoi sa fille ne voulait plus jouer avec
les autres, ni inviter personne les mercredis et encore moins pour son anniversaire. Elle ne comprenait pas ni sa passion du canevas et des fils, ni
son silence soudain. Mais elle avait envie que les choses changent avant
l’entrée au collègue, sans savoir par quel bout commencer et surtout sans
consulter une psychologue car elle en avait elle-même de mauvais souvenirs qui
titillaient encore sa mémoire.
A Noël, la fillette avait reçu un canevas comme cadeau, offert
par une vieille tante de la famille ; il représentait un petit chalet de
montagne, mignon comme tout. Depuis ce jour, Agathe Ange passait son temps
libre à broder. Elle ne se contentait pas de broder des toiles, des habits ou
des taies d’oreiller, non, elle brodait des feuilles de papier, des feuilles
d’arbres, du plastique, du carton, bref, tout ce qu’elle trouvait à portée de
main. Cela semblait devenir obsessionnel.
Madame Laïcardi écouta attentivement cette maman démunie et
inquiète et comprenant qu’elle n’irait pas de sitôt chez Madame Escoutelle,
elle lui demanda si par hasard elle connaissait Rosy.
Madame Ange lui dit qu’elle en avait entendu parler mais
qu’elle ne la connaissait pas personnellement vu qu’elle habitait un village
voisin.
Madame Laïcardi s’engagea à les faire se rencontrer, persuadée que ce serait bénéfique pour la fillette.
La maman accepta et l’institutrice
termina l’entretien en la raccompagnant à la grille.
En refermant le portail, madame Laïcardi en profita pour
prendre le courrier de l’école, chose qu’elle n’avait pas eu le temps de faire
pendant les récréations du jour, étant sollicité à maintes reprises par des
coups de fils ennuyeux.
Dans la pile de courrier administratif, une toute petite
enveloppe rose apparaissait.
Il n’y avait pas de nom, ni d’adresse, juste l’enveloppe cachetée par un seau en forme de colombe.
Quand on parle du loup, le voilà !
Qu’est-ce que Rosy a encore à me dire aujourd’hui ? se
demanda-t-elle
Elle décacheta l’enveloppe et sortit une petite aquarelle dont
elle reconnut tout de suite le sujet.
Elle savait que c’était une invitation et décida de téléphoner
à Rosy sans plus tarder pour fixer un rendez-vous ; elle se dit que ce
serait peut-être le moment opportun pour organiser la rencontre.
La suite arrivera ...tôt ou tard !
Chaque épisode répond aux questions posées tous les huit jours sur l'Atelier en question(S) que je vous invite à découvrir ici : Clic !
Ahaaa ! On a dépassé les préliminaires et voici que des profondeurs s'agitent.
RépondreSupprimerLa psy en exil volontaire et la "sorcière" hors-sol vont-elles se combler l'une l'autre ?
Les habitants sont-ils tous aussi accueillant qu'il y paraît ?
Je demande à voir, bien sûr.
Dans l'attente des prochains épisodes, je m'empresse de peaufiner les miens?
Bon week-end, Annick-amie-mots ;)
Hihi ! Merci Tiniak et prions pour que l'inspiration soit au rendez-vous chaque semaine !!!!
Supprimerça va devenir un feuilleton policier?
RépondreSupprimer:-)
Je ne pense pas non .... mais on verra au fur et à mesure des questions !!!
SupprimerBon w end et à bientôt ici ou là ....
J'avais hâte de retrouver Rosy, et...quoi ? C'est déjà terminé ? Il faut attendre le septième épisode ? Bravo Annick, tu sais tenir le lecteur en haleine !
RépondreSupprimerCette madame Escoutelle, fraichement installée en milieu rural, et qui adore s'y promener en savourant les paysages, me fait penser à quelqu'un... ;-)
Le feuilleton a quelque chose qui relève de l'addiction ! gloups, il va falloir attendre oui et en ce qui me concerne, j'ai déjà hâte d'écrire la suite !
SupprimerConcernant cette récente installation en milieu rural, effectivement ça nous parle !!!! pliée !
Mais quant à savoir à qui s'identifie le plus l'escrivaillonne : mystère et fruits confits !!!!!
Bisous Fred et à bientôt !
Complètement accro' ! Qu'il s'agisse de lire ou d'écrire, tout pareil !!
RépondreSupprimerVivement la question n°7 (chiffre chargé de signification-z-)...
Bonne semaine à toutes z'et tous.
D.
J'ai envie d'aller chez Rosy pour voir si elle m'ouvrirait le tiroir de la lettre F et savoir ce que je piocherais...
RépondreSupprimerChère F., tu ne savais pas quoi proposer en expression écrite à tes élèves lundi : la moitié de la classe cherchera les adjectifs, l'autre les noms commençant par F et tu piocheras en direct devant eux !!!!
SupprimerRestera à écrire les phrases et si tu veux, je me chargerai de la correction ....
bizzz et bon dimanche !!!!
Ben, j'ai l'impression qu'entre elles deux, EMOTION rime davantage avec RIDEAU-PAPILLON qu'avec éphémère... ;)
RépondreSupprimerIl n'y pas que de l'esprit, là-dedans, hein ?
Un parfum de spiritisme affleure...
Merci, Annick-chou !
Esprit oui, surtout le Saint ;-)
SupprimerSpiritisme non, ça c'est certain !!!!
L'occultisme n'est pas ma tasse de thé ;-)
Je vais réfléchir à la suite ...
Bonne soirée Tiniak !
Oups, chère Annick... 0_0'
SupprimerJe t'en demande pardon : ta foi chrétienne m'était complètement sortie... de l'esprit.
Mais tu es tout pardonné cher Tiniak ! C'est bien l'essence même de l'esprit chrétien non ? ,-)
SupprimerEt voilà, c'est fait ! Je suis déjà totalement acrro à ce feuilleton "psychologique" mystérieux, voire un brin ésotérique avec cette étrange Rosy qui semble douée de prescience ! Chaque personnage est une perle dans l'écrin de tes mots. Et Estelle Escoutelle, qui porte bien son nom puisque sa profession est d'écouter les autres me semble avoir ses propres secrets ! J'ai hâte de découvrir la suite et je ne doute pas un seul instant que tu sauras jusqu'au bout, entretenir le suspens ! Mystère, mystère, quand tu nous tiens !
RépondreSupprimerAccro aux mystères !!! ;-) Je crois qu'on l'est tous un peu dans la vie !
SupprimerRavie que tu vienne grandir le nombre des feuilletonnés que nous sommes devenus !
Ici aussi, les personnages prennent davantage d'épaisseur. Et ce rapport singulier qui se tisse en Estelle et Rosy, autour des billets... Une belle trouvaille pour laquelle tu déploies des trésors d'ingéniosité dans tes procédés d'écriture.
RépondreSupprimerOn se régale, hein ?
Ah oui!!! On se régale ! Je ne sais pas où tout ça va nous mener mais peu importe ; pour le moment on savoure ....
Supprimerj'aime bien l'ambiance, dans ton histoire, et je prendrais bien un bon café avec un oeuf en chocolat, moi aussi :-)
RépondreSupprimervivement la question 10!
Merci ! Et volontiers pour un papotage café-chocolat ... même si nous ne vivons pas au même endroit ! ;-)
SupprimerIntrigante histoire à laquelle on prend goût ! Plein de subtilités se cachent...entre les branches pleines de bourgeons et les branches généalogiques. En plus, ça sent bon le café et le chocolat !
RépondreSupprimerFred je t'offrirai volontiers un café avec chocolat, toi qui en est fan, mais avec les 300 bornes il va refroidir ! Merci pour ton passage et à bientôt ici ou ailleurs ( surtout ailleurs d'ailleurs ! ;-) )
Supprimerouh là, lààà... ! J'espère qu'une des prochaines questions ne sera pas tirée de celles de Rosy. Trop longues pour mon feuilleton ! ;)
RépondreSupprimerEt allez, balançons-nous encore un peu, avec Rosy, entre la fraîcheur de l'hiver et cette douceur printanière qui hésite à pointer son nez, encore pas tout à fait.
Et des bises à m'sieu Ravie, hein ?
A très bientôt plus vite que ça, ici ou là...
D.
Me revoilou ! Et j'ai du boulot car je dois rattraper 2 questions si je veux suivre un rythme quasi - hebdomadaire ! Vite inspiration , rejoins-moi ... et pose moi des questions !!! ;-)
SupprimerJe l'aime de plus en plus ta Rosy, à la fois fascinante et plus simple qu'il n'y paraît de prime abord !
RépondreSupprimerIl n'y a qu'à lire les menus et doux délices de sa vie !
Je la vois, sur sa balançoire... J'imagine l'envolée de ses réflexions dans le mouvement qu'elle fait chaque fois qu'elle s'élance sous la branche.
Et je relis la lettre qu'elle a écrit à Estelle, en me disant que j'aimerais faire partie de sa lignée.
Je vais attendre la suite en frémissant d'une heureuse impatience, tout comme j'attends la prochaine question, même si pour ma part, je n'ai encore répondu qu'à deux d'entre elles. Bisous, bonne semaine et à bientôt ici ou là
Je suis heureuse que Rosy soit appréciée des gens qui me connaissent et de ceux qui ne me connaissent pas !
SupprimerJ'espère être inspirée pour poursuivre ce récit le plus consciencieusement possible ! Alors, au boulot ! Pâques est terminé, je me remets au clavier ;-) A bientôt ...
Bonsoir Annick joliment écrit Intrigante histoire voici que des profondeurs s'agitent j'aime ta Rosy merci pour cette suite de plus j'adore les fruits confit passe une bonne soirée bisous
RépondreSupprimerMerci Evy ! Nous sommes donc deux à être fans de fruits confits ! Super !
SupprimerBonsoir
RépondreSupprimerEt voilà une tante Mimille qui refait surface !
Je sens encore un lourd, très lourd secret de famille là-dessous !
J'ai une mince idée... Je verrai dans la suite si je me suis trompée
J'ai grand hâte !
A bientôt ici ou là !
Merci Anne-Marie ! J'avais probablement la même mince idée que toi sur la suite à donner à ce secret ... mais ce matin, surprise, je crois que l'inspiration soudaine va me permettre de détourner ce qui nous vient immédiatement à l'esprit ...
Supprimerà bientôt !
Eh bien voilà ! J'ai rattrapé mon retard chez toi ! Et naturellement, je reste sur ma faim de mystères et de fruits confits ! Néanmoins, j'ai été ravie de découvrir les trésors d'imagination d'un jardinier amoureux ! Ton pablo, me fait penser à mon "Gédéon", lui aussi jardinier de son état.
RépondreSupprimerSûr que son adorable cadeau doit intriguer Estelle qui pense que ça vient de Rosy. Je pense aussi que ce "Love me" s'est chargé de la détromper quant à l'expéditeur !
J'attends donc la suite...
Bises
Que d'amour(s) dans ces derniers développements ! Et la surprise de liens filiaux entre les deux principaux personnages féminins m'a scotché. J'étais à mille lieux de l'envisager.
RépondreSupprimerDes bises à tante Mimille, dont je pressens qu'elle doit fort te ressembler ;)
A la proxima, Dame Annick.