Je suis dans un drôle d'état...

 

Je suis dans un drôle d’état

Je vole

Je viens de relire « la métamorphose » et comme je vois la vie en rose, je ne suis pas devenue un insecte rampant

 

Je suis dans un drôle d’état

Je chante

J’écoute « Jésus que ma joie demeure » et je me plais à fredonner la si belle mélodie.

 

Je suis dans un drôle d’état

Je sème

Comme je suis et reste gourmande, j’attrape plusieurs graines à la fois et je les lance aux quatre vents en ouvrant portes et fenêtres 

 

Je suis dans un drôle d’état

Je guide

Je viens de lire son texte désespéré et je prépare une réponse qui la remette sur le chemin du désir

 

Je suis dans un drôle d’état

J’apporte

Je viens de croiser mon voisin, surpris par le torrent de boue et la montée des eaux soudaine et périlleuse ; je lui offre tout mon soutien d’un cœur sincère

 

Je suis dans un drôle d’état

J’espère

 

Colombe libre,

Oiseau de paix,

Passionnée,

Transmettant à tire d’aile, la véritable bonne nouvelle, en sifflotant tout simplement...


Annick SB      octobre 2024



Pablo Picasso 

D'où vient la colombe de la Paix : Clic !





Thème d'écriture de Laura Vasquez


New York

 




Dans le taxi qui m’amène à l’aéroport

La pluie cache mes larmes

Je photographie tout ce que je vois en traversant New York

Les passants pressés

Les clochards défaits

Les riches guindés

Les trottoirs crottés

Et je me demande pourquoi

Tant de gens désirent voir ça !

 




Dans le taxi qui m’amène à l’aéroport

Mes larmes se mêlent aux gouttes de pluie

Je vois tout flou

Et tout à coup je l’aperçois et il me redonne le sourire

C’est un challenge que je me suis fixé

Tous les photographier

 



Dans le taxi qui m’amène à l’aéroport

Mon sourire renaît

Lorsqu’au coin d’une rue bondée

Je peux enfin le photographier

Le petit chaperon rouge newyorkais !




 

Annick SB        Octobre 2024

Thème chez Plumes chrétiennes : Ecris la ville 


La tasse...

 J’ai depuis des décennies sur une étagère une tasse dont je ne me séparerai jamais.


Lorsqu’elle me tendit le paquet, j’eus le temps d’observer ses mains, pleines de taches brunes et de petites rides serrées.

J’avais dix ans et à ce moment précis je sus que je voulais vivre centenaire.

Je ne parlais pas encore allemand et savais juste dire « Danke schön ! »

Je remerciais avec les yeux ; elle souriait avec le cœur ; c’était un bon moment de partage.

Je détachais délicatement le ruban rouge qui fermait le papier, et en sortit une tasse et sa soucoupe, une simple tasse que j’ai gardée précautionneusement depuis tant d’années. Elle a paradoxalement quelque chose d’original et de désuet ; ce qui me fascine ce sont les minuscules roses rouges qui reposent sur un fond blanc orné d’écossais gris. Une faïence simple, sans fioriture.

Elle n’a ni la taille de celles que l’on trouve dans les services à café, ni non plus celle des tasses à thé classiques, non, elle est entre les deux et selon la chanson de cour de récréation qui revient de temps à autre dans ma tête :

« Entre les deux mon cœur balance, je ne sais pas lequel aimer des deux…»

Tante Rosa aimait tout le monde ; mais particulièrement son Epoux qu’elle partageait avec ceux qui Le suivent et même avec ceux qui ne Le connaissent pas.

Tante Rosa était diaconesse dans un canton de Suisse allemande et sa simplicité, son sourire, sa douceur étaient apprécié de tous.

Quand elle me fit ce cadeau, je compris que c’était un moment de sa vie qu’elle m’offrait, celui de la détente, de la dégustation d’un chocolat chaud ou d’un thé fumant. Celui de la pause dont chacun a besoin quotidiennement et que nombreux oublient. Celui de l’attente et de la confiance.

J’ai fait un vœu, à dix ans : ne jamais me séparer de cette petite tasse sans prétention.

Est-ce elle qui m’a donnée la passion des roses ?

Est-ce elle qui m’a invitée à lire les Ecritures ?

Est-ce elle qui m’a conviée au partage, aux discussions, aux confidences, à la prière ?

Est-ce elle qui est à l’origine de l’élan d’amour et de simplicité qui m’appellent ?

La tasse ou la tante ? La rose ou le prénom ?

L’émotion ou la passion que m’inspire encore ce souvenir si doux ?

Peu importe !


J’ai depuis des décennies sur une étagère une tasse qui me remplit d’amour…

 

Annick SB





Consigne d'écriture de Laura Vasquez - la banalité -


L'échelle...

 


L'échelle sainte 


Je grimpe à l’échelle lentement en prenant bien soin de ne pas regarder autour de moi. J’en suis au premier degré, j’en ai bien conscience.

J’ai le vertige.

Je n’ai pas peur de ce qui se trouve tout en haut, mais je pense que mes pieds peuvent tout à coup se renverser et décider d’aller en bas, tout seuls comme des grands, sans m’attendre, ni me demander mon avis.

Cela provoquerait une torsion.

Je n’aime pas me torde ; je n’aime pas la douleur.

 

Je suis toujours sur l’échelle ; je la gravis, traverse par traverse.

Chemin, cascade, torrent, étendue de verts pâturages ; mes petits petons tentant la progression.

Je grimpe en pensant aux cordes à nœuds des abominables leçons de gym de mon enfance.

Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer.

C’est effrayant.

Il se pourrait que les barreaux s’effacent, disparaissent ou se cassent à chacun de mes pas.

Il se pourrait qu’il y ait le vide dessous.

Il se pourrait qu’il n’y ait plus de dessous.

 ...

Il se peut également que l’ascension soit inévitable et permanente.

Je choisis cette option ; je me l’approprie.

Je ne vais quand même pas me laisser tirer vers le bas !

 

Il se peut donc que l’on ne touche jamais le fond.

C’est profond.

C’est ça la leçon !

Je le répète, puisque ça m’encourage :

Il se peut que je ne touche jamais le fond, il se peut que je ne touche jamais le fond…

Il se peut que l’ascension me fasse une telle sensation que je m’envole et que j’attrape dans le vent quelques bribes de sagesse, quelques zestes de passion !

Au fond, je grimpe en sachant pertinemment que je ne toucherai plus jamais le fond.

Je souris.

C’est ça, je grimpe les barreaux de cette échelle, en souriant et en sachant qu’ils me libèrent du vertige.

...

Personne ne m’a dit si l’échelle était posée contre un mur, contre un arbre, contre une porte de prison métallique, froide et lisse ou simplement contre la quatrième de couverture de cet ouvrage que j’ai déniché par hasard moi qui ne crois pas au hasard.

Ce soir, dans mon lit de nuages, en comptant les moutons, je remercie le Ciel de m’avoir proposée la lecture de l’échelle sainte de St-Jean de Climaque

 

Annick SB      septembre 2024


Thème d'écriture " Grotesque ", proposé par Laura Vasquez à partir du livre :

" Nourrir la pierre "  de Bronka Nowicka


Le vent et la liberté...



Le vent et la liberté

 

Je pense au mistral de mon enfance ; lui seul m’a permis de ne plus douter.

Ils ont eu vent de ta délivrance ; leurs ciseaux ont taillé des mèches et des mèches ; tu as désormais un demi centimètre de liberté sur le crâne et dans ta tête son immensité.

Longtemps, j’ai cru mourir d’amour sans son souffle ; un Souffle bien plus grand m’a affranchie.

Les rafales ne te feront jamais tomber ; tes racines humaines t’ont rendue libre.

Parfois je me suis envolée dans la folie des souvenirs en m’écrasant tragiquement sur la berge ; j’ai été libérée par les pierres vivantes du Royaume infini et désormais je flotte dans le bonheur.

Tu as cru perdre pied, trébucher, t’écraser ; la liberté faisait pourtant tourbillonner tes rêves sous ta tenue fantomatique. Le drone tournait bêtement pour te surveiller ; tu riais en silence sous le sombre voile en priant.

Chaque brise tentait une pression ; je lançais alors en l’air un avion en papier qui tournoyait lentement en guise de résistance.

Tu as souhaité courir, sur les trottoirs, dans la tempête des tchadors ôtés ; ta liberté les a décoiffés et leur a cloué le bec.

Je pense au mistral de mon enfance ; lui seul m’a permis de ne plus douter de l’invincible force et puissance de la Vérité et je répète à l’envie ce verset :

 

« Le vent souffle où il veut et tu entends le bruit.

Mais tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va ; il en est ainsi de tout homme né de l’Esprit… »

 

Annick SB   septembre 2024

Thème d'écriture proposé par  Laura Vasquez    à partir du livre "Mer et brouillard"  d'Etel Adnan.

Situation des femmes afghanes  - août 2024 - :   article France 24