Brasses ....


Je coupe une pomme
Dans mon rêve je porte du fruit
Tant de mètres à franchir
Mon ventre gargouille
J’ai encore faim
Je prie
Je pense aux passants, aux migrants, aux voyageurs
Je pense aussi aux surprises, aux désillusions, aux craintes, aux espoirs
Je pense surtout aux espoirs
Je prie
Autrefois quand la terre était promesse, on  avançait en bande, en groupe, en famille, entre amis ou frères
On se donnait la main
A l’aube, j’accomplirai  une prouesse
Je prie
Avant de m’endormir je dois vérifier une chose
Ai-je toujours Le Livre ?
Je ne peux pas prendre de sac mais je vais me débrouiller
Le Livre est là
J’en lis une page
Je prie
Je vais cacher Le Livre dans la doublure de ma combinaison
Je me lève
J’avance sur la plage
Je plonge
Je nage, je nage, je nage, je respire, je nage, je respire, je nage, je nage, je nage, je m’épuise, je nage, je nage, je m’épuise, je respire, je nage, je respire ….
Je sors la tête de l’eau
A bout de souffle
Personne sur la rive
Je vérifie les côtés, bords et rebords de la plage de sable
Personne sur la rive
J’examine l’horizon
Personne à l’horizon
Les bateaux sommeillent
La nuit s’efface
Je sors de l’eau
Et je cours, je cours, je cours, je respire, je cours, je respire, je cours, je balance les bras, je cours, je respire, je m’épuise, je cours, je cours, je cours, je tombe
La montagne tremble
Je me cache sur un sentier
Mes vêtements ruissellent
Je grelotte, je respire, je grelotte, je respire, je respire, je grelotte, je respire, je respire, je m’écroule
Un homme surgit sur le sentier
Il tapote mes joues
Je bave
Je respire
J’entrouvre les yeux
Je pose ma main sur mon torse, défais mes boutons de ma chemise, dégrafe la combinaison et sors Le Livre
Le froid me transperce
L’homme sourit
Il attrape Le Livre
Il range Le Livre dans la falaise
Il me bénit
Le sac qu’il me tend contient du riz et un fruit
La Foi vit toujours
Tant d’années après la purge
L’homme disparait dans les rochers
Je mastique
Je cache le sac vide
Je prie
Je marche vers l’eau
Les vagues font du bruit
Je prie
La Parole me berce
Je nage
La Foi me suffit

Annick SB    février 2018

Consigne d'écriture chez Filigrane


Inspiration politique ici : Clic !

ONG Portes Ouvertes : Clic !    + Clics ! 

4 commentaires:

  1. Oh la la. Le Livre sacré contre des victuailles. C'est très futuriste et mystérieux.
    Quant à la consigne, j'aurais été bien incapable de la respecter :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Les victuailles servent plutôt à reprendre des forces pour pouvoir envisager le retour à la nage ! Quant à la consigne, tu écris un texte et à la relecture, tu supprimes tous les adjectifs ; il vaut mieux relire 36 fois quand même ;-)

      Supprimer
  2. Ce texte m'emporte comme une vague ..mais vers le meilleur

    RépondreSupprimer
  3. Beau texte dans lequel je nage avec délice. Respirer la vie à pleins poumons est ma devise. Bon dimanche Annick SB

    RépondreSupprimer

Ecrire un commentaire