Il ne se souvient plus de son adolescence ; c’est un
bienfait car il n’était pas heureux du tout, du tout, du tout !
Mais qui l’est à cette période de la vie ?
Il faut parfois se résigner à oublier, tant que l’on peut,
oui, tant que cela est possible, pour ne pas craquer.
Ainsi va la vie…
Il pourrait apparaitre ingrat tant sa famille s’est dévouée
pour lui, enfin, c’est ce qu’on lui a dit !
Pourtant ce n’est pas de l’ingratitude non, juste un oubli
salvateur, sans regret. Aucune cousinade envisagée, aucune grande tablée, non
il ne veut pas se mêler à leur destinée.
Ainsi va la vie…
Oubliés les aléas des transports hebdomadaires
Oubliés les aléas des casiers aux cadenas cassés
Oubliés les aléas du linge sale et lourd à transporter
Oubliées les moqueries, les injures, les méchancetés
Oublié les monstruosités
Oublié tout ça !
Ainsi va la vie…
Désormais il est heureux !
Enfin, c’est ce qu’il nous a dit.
Il a rêvé de s’en sortir et c’est fait !
Il est restauré.
Il a réussi son CAP de pâtissier et envisage, dans quelques années,
d’ouvrir une boutique sur la place du marché, là où s’arrêtait le bus, là où sa
tante Madeleine venait le chercher, là où son sac était trop lourd, là où son cœur
était brisé, là où …
Mais que se passe –t-il ?
Sa tête est lourde.
Il chavire.
Il tombe à terre.
Tout tourne en boucle dans son esprit et il revoit Madeleine
qui l’a recueilli, il revoit la tombe de sa mère, il revoit le numéro d’écrou
de son père, ce fumier…
Ainsi va la vie…
Tout peut chavirer.
Les passants lui parlent ; les secours vont arriver ;
il reprend ses esprits et sourit à cette gentille dame qui a laissé fondre son
banana-split pour venir le secourir.
Je dédie ce texte à toutes les personnes au lourd passé, maltraitées pendant leur enfance …
Annick SB janvier 2021
Enfance qui pleure, enfance qui cherche, silences qui usent, espoir qui meurt, attente qui s’allonge…
RépondreSupprimerQui es-tu toi l’enfant qui m’a vu vieillir dans une adolescence maladroite, inquiète er rugueuse ?
Sinon un ensemble de larmes porté comme un collier bavard.
Ces souffrances-là, il faut savoir les porter en nous pour les noyer dans nos nuits froides.
Je sais qu’on ne guérit jamais de tous ces maux, jamais entièrement.
Beau texte, sensible et généreux, presque léger quand on n’a pas connu le sujet.
Merci pour votre très beau commentaire ; et oui j'aime la légèreté qui révèle facilement la gravité.
SupprimerTrès beau texte. Oui ainsi va la vie. On oublie ou on fait et cela nous constitue. La banana split encore une autre forme de madeleine...
RépondreSupprimerQuand on se construit
RépondreSupprimerAinsi va la vie
Qui se cherche
Qui transperce
L'adulescence
En pleine arborescence
Recherche ses ombres froides
Ses chauds rayons de sOleil
Merci Annick pour vos mots sensibles ressentis.