Quand
Cunégonde monta sur le cheval nommé Ecume pour arpenter la région entière,
elle ne savait pas précisément qui il fallait qu’elle cherche, mais elle était
ravie de pouvoir quitter quelques jours le château.
La princesse Lucia était gentille mais épuisante et c’était délicat de la sermonner vu que ses parents lui laissaient tout faire !
Au domaine,
certains parlaient de l’existence d’une jeune paysanne particulière, et comme
tout ce qui était particulier, étrange, bizarroïde l’angoissait, Cunégonde
n’était pas tout à fait rassurée par cette rencontre éventuelle. Mais elle
avait un ordre et devait mener cette mission au plus vite : Trouver la
paysanne.
Elle galopa
cinq jours durant sans arriver à identifier le lieu où vivait la jeune fille
qu’elle cherchait.
Elle se
posait maintes questions qui l’épuisaient et la peur montait en elle au fur et
à mesure des galops de son cheval. Elle s’arrêtait trois fois par journée pour
que le cheval se repose et pour réfléchir à ce qu’elle dirait à la jeune fille
dès qu’elle la rencontrerait.
Un jour elle
décida de faire une courte pause supplémentaire près d’une petite rivière dont
le nom lui plaisait «Bléone » pour se sustenter et abreuver l’équidé.
Sitôt pieds
posés à terre, elle caressa la crinière du cheval ; il avait tant galopé
qu’il était tout en sueur et son crin légèrement hirsute.
Elle attacha
la longe autour d’un saule en bourgeons et alla remplir une écuelle à l’eau de
la rivière un peu plus bas. Elle regarda attentivement le tourbillon qui se
formait au loin et fut impressionnée par la force du courant. Encore quelques
jours d’orage avant que la rivière et ses ondes indomptables inonde les champs
voisins pensa-t-elle.
Je prierai pour que les semences soient préservées.
Pour tout vous dire, même si elle avait un peu la frousse, elle jugea cette escapade bienvenue car elle commençait à en avoir un peu marre de Lucia et de ses caprices. Respirer ! Voilà qui était bon et sentir l’infini délicatesse du printemps précieux en faisant une pause, voilà qui réconcilie les âmes avec la sainte Présence.
Cunégonde s’agenouilla donc et pria :
« Seigneur,
tu sais que je suis chargée de trouver une jeune fille dont je ne connais ni le
nom, ni le lieu d’habitation. Aide-moi Seigneur à ce que cette quête se passe
sans embûche. Place des bonnes personnes sur mon chemin.
Veille également Seigneur à ce qu’aucune inondation n’ait lieu ; protège nous. »
Elle ne mentionna pas son envie d’avoir l’émeraude promise, car ce n’était pas bien de supplier pour des choses matérielles, l’abbé ne cessait de le rabâcher, mais au fond d’elle, c’est vrai, elle pensait tout de même très fort à cette récompense.
Cunégonde se
releva, secoua ses jupons et aperçut un manant, marchant à la lisière de la
forêt. Quand il arriva près de Cunégonde, il lui sourit, et s’adressa à elle
dans une langue étrange, leva les yeux vers le ciel, marmonna encore quelques
phrases inaudibles. Elle lui signifia qu’elle ne comprenait rien à ses
dires ; il prit un bâton et traça une espèce de plan sur la terre du
fossé. Il insistait avec son index sur un point précis et Cunégonde décida de
suivre les indications de cet inconnu. Qu’avait-elle à perdre après tout ?
Elle le remercia et il poursuivit son chemin en se retournant de temps à autre.
Il était habillé d’une veste de fourrure ; du loup probablement. Il doit être
ermite se dit-elle ou tâcheron. Elle eut juste eu le temps de remarquer que l’outre
suspendue à sa ceinture tressée de cordes aux fibres usées n’était pas en peau
de chèvre mais en métal et qu’un blason y était gravé. L’homme portait
également une sacoche qui semblait bien lourde car elle affaissait l’épaule sur
laquelle elle était suspendue. Etrange accoutrement dans nos contrées ; il
doit venir de très loin, pensa Cunégonde. Elle lui fit un signe de la main, par
politesse et le regarda poursuivre son chemin. Quel bel homme ! se
dit-elle et elle garda son image gravée au fond du cœur en remontant sur
Crinière d’Ecume, le surnom donné au canasson à ce moment-là, vu l’état du port
de tête de la bête.
Elle repartit au trot.
De temps en
temps elle s’arrêtait, questionnait les paysans puis galopait à qui mieux
mieux.
Le soir elle
s’arrêtait dans des auberges ; elle n’arrivait pas à s’endormir
immédiatement même si elle était épuisée car elle n’avait que sept jours
pour accomplir sa mission ; alors elle ouvrait les persiennes et regardait les
astres en goûtant au silence infini des nuits de la campagne. Elle informait toujours
ses hôtes de sa quête et le septième matin, on lui indiqua enfin où se trouvait
cette jeune fille.
Quelle joie
se fut ! Elle alla à sa rencontre ; une sensation de bien-être l‘envahit
quand elle vit la jeune demoiselle lui sourire. Elle lui expliqua calmement de
quoi il en retournait puis repartit au triple galop cette fois-ci, informer la
princesse de la réussite de sa recherche et … gagner l’émeraude.
Elle la cacherait soigneusement car les rumeurs allaient bon train sur la venue des bandits de grand chemin qui forçaient même les murailles des châteaux…
Lucia
l’accueillit avec de grands « hourra ! hourra ! ». Elle
était ravie par cette bonne nouvelle et alla chercher la pierre précieuse,
qu’elle avait mise dans une petite sacoche de velours vert foncé et la tendit à
Cunégonde en prononçant ses paroles :
-
Merci
ma très chère ! Tout travail mérite salaire !
Cunégonde
remercia d’une simple révérence car elle ne comprenait pas trop ces mots-là ; elle regagna sa chambre, épuisée par les journées passées, pressée surtout
d’imaginer ce qu’elle ferait de l’émeraude et curieuse de savoir si elle reverrait le bel homme du chemin …
Annick SB mars 2021
Les deux précédents épisodes sont ici : 1 2
Thème d'écriture chez Evy : Clic !
Bonjour, une très belle aventure !
RépondreSupprimerMais, dis-moi, tu as décidé d'en faire tout un fromage de cette Cunégonde ! XD
RépondreSupprimerEst-ce à dire que la péronnelle t'aurait inspiré notre cher Atelier en question(s) ?