Condoléances...




Se souvenir de la pureté de leurs sentiments
L’évoquer en souriant
Observer le rouge des rideaux de la devanture du magasin d'en face, pour penser à autre chose qu’au gris et au noir de circonstance
Raconter en séries pressées, des détails oppressants, des bribes de leur passé qu’on aurait voulu sans faille et dont il faut pourtant parler
Avaler quelques sanglots
Toussoter
Fermer les paupières

Attendre…

Taire les sorties de route, caillouteuses, malheureuses, trop nombreuses
Taire les trahisons, les secrets, les passions
Accentuer les touches de vrai, de rire, de beau, de futile

Verser des flots de paroles :
-        Les carreaux réussis lors des parties de pétanque,
-        Les flâneries au bord de la rivière,
-        Les pique-nique bien garnis
-        L’autre rivage atteint par des brasses vigoureuses,
-        Les éclats de rire
-        Le sourire ubéreux du devoir accompli

Témoigner…

Jadis, sur le pas des portes des immeubles de la rue d’Endoume, pendaient certains jours, des rideaux de velours noirs, ornés d’une croix et d’ initiales dorées. Un grand cahier attendait les messages de condoléances sur une petite table dans l’entrée.

Les cérémonies prenaient le temps, ce temps précieux qui laissait aux survivants le soin d’assembler quelques souvenirs enfouis dans les mémoires.

Les peupliers des cimetières peuvent en témoigner ; pour nous tous, ils sont partis trop tôt, bien trop tôt.

Alors, veuillez accepter mes sincères condoléances, vous qui feuilletez leurs albums photos retrouvés…

Annick SB         Thème d'écriture du blog Treize à la douzaine : Liste 31  

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